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Baigneurs

Les baigneurs sont trop loin dans les dunes, écrasés de soleil, silhouettes à peine moins graciles que le parasol coiffé de bleu et blanc que le vent menace d’emporter, qui les fait se lever, tourner autour et danser une danse de Sioux, si bien que tu hésites à te prononcer sur l’âge et le sexe de ceux que tu aperçois, encore que ce soit bien la beauté de leurs corps qui t’émeut, lesquels sont alors, tracés en noir sur blanc, comme paraphe de leur âme. Ou ces autres, vus de haut, qui paraissent flotter dans le bleu comme des anges.

Le spectacle des êtres humains aperçus de si loin suffit à l’éblouissement d’un esprit lassé, qui n’a point perdu le goût de ses semblables mais qui souhaite les saisir au point où l’âme et le corps se confondent. Ne font qu’un. Comme Dieu lui-même les regarde d’où il est, ou les anges. Ou Alberto Giacometti.

Tel baigneur, comme tel piéton filiforme dans l’œuvre du sculpteur, serait-il moins connu d’être aperçu de loin, et qu’entre lui et nous pas un mot ne soit dit?

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