Debout devant l’imposante bâtisse, la tête levée pour voir les fenêtres de l’appartement situé au-dessus des classes, il était un peu plus de midi, le ciel gris et froid, en passant la curiosité m’a pris, comme je montais les escaliers du côté opposé de la cour, je me suis arrêté, j’ai levé la tête, renversé serait trop dire, encore que notre appartement soit au plus haut,
qu’il regarde la mer, en cet instant (la mer) je lui tournais le dos, j’étais chaudement vêtu, les mains enfoncées dans les poches de mon blouson, je me dirigeais vers le réfectoire de l’école et j’ai levé les yeux vers les fenêtres de l’appartement que j’avais quitté le matin, les vitres nues où, de l’extérieur, il m’arrive d’apercevoir la silhouette en transparence de quelqu’un des miens qui se tient debout et me fait signe,
le ciel gris et froid: entre l’escalier où je me trouvais, conduisant au réfectoire, et la façade de la maison, l’espace d’une cour plantée d’arbres où des enfants couraient, et venant à se refléter soudain en sombre sur les vitres grises des trois fenêtres, de fines silhouettes d’oiseaux
que j’ai eu à peine le temps d’apercevoir, d’inscrire dans ma mémoire: ombres d’oiseaux traversant le ciel gris au-dessus de l’immeuble et qui venaient se projeter là en sombre, de l’extérieur, filant à toute vitesse sur le gris des vitres nues qui regardaient la mer,
que la mer irisait,
des goélands ou des mouettes mais que je n’ai pas vus dans le ciel, il eût fallu pour cela que je renverse la tête, seulement leurs traces fuyantes comme des rayures sur le verre des vitres,
une manière de photos, et l’idée que j’assistais à un événement d’une beauté absolue dont le principe se rapportait, en même temps qu’à la photo, et encore que cela se soit passé dans un silence ouaté, vertigineux (à cet instant, je n’entendais pas les cris des enfants, mais ces cris ne pouvaient pas manquer de se faire entendre, recouvrant pour moi ceux des oiseaux), à la musique.
(1996)
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