Descendre du haut du ciel, dans la nuit, seul ou en brigade, dans un astronef rond et plat comme une soucoupe, n’était le dôme où l’on habite, le front maintenant appuyé à la vitre incassable des hublots, les yeux exorbités de désir curieux, ou sur des fusées individuelles, légères et que l’on chevaucherait comme des sorcières leurs balais, ou portés par des ailes, comme de gigantesques oiseaux armés de dents.
Descendre à la première heure d’une nuit d’automne, dans un ciel obscurci et mouillé de nuages, au-dessus des coteaux de vignes, au-dessus du bourg dont fument les cheminées, les rues désertes, les persiennes closes, au loin peut-être scintille la mer, un éclat de mer sous la lune échancrée.
Ramper et courir par les sentiers de la forêt, haletant, la langue dehors, suivre la route qui se rencontre, rouler dans l’herbe du bas-côté quand surviennent une automobile ou une motocyclette, à cause du faisceau de lumière jaune de leurs phares, plonger dans la rivière où le goujon s’alarme, glisser, nager, tousser, couler, pour parvenir enfin à embrasser une pile du pont et, à la force des griffes, par à-coups s’y hisser.
Passer le pont à l’entrée du bourg, souffler et écouter si rien ne bouge, repartir à pas souples et lents, silencieux, dont l’une reste en suspens, l’oreille en pointe, l’œil rouge tourné vers le chat qui a renversé la poubelle, ou l’ivrogne qui se retrouve assis au pied du lampadaire que sa face a heurté.
Frôler les murs de façade ou marcher au beau milieu de la chaussée déserte, dans la rue principale, la lumière des veillées filtre entre les lattes des persiennes closes, la musique des radios.
(Automne 1977)
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