J’ai suivi la berge du torrent dans les éclats de pierre, la neige puis le sable encore. La montagne dominait ma course. Le jardinier habite les allées, le serpent reste caché, les oiseaux immobiles sur les branches basses.
La ville est à l’embouchure du fleuve, au soleil maintenant. Dans la neige et le roc, l’eau qui surgit écumeuse, cascade vers la plaine.
Je souris au visiteur. Des jeunes gens se promènent dans les jardins qui dominent la ville. Tu te promènes l’après-midi dans les jardins qui dominent la ville. Tu t’inquiètes de la sécheresse, de l’état des cultures, je te réponds de mon mieux. Je te montre les fruits qui alourdissent les branches, le bassin d’arrosage, les canaux d’irrigation. Le soir nous trouve assis contre le mur de la maison.
L'orangeraie se situe dans la vallée qui s'étend derrière la ville, plusieurs kilomètres en amont. Le jardinier habite une cabane de pisé, au cœur de l'orangeraie.
On m’avait parlé de lui, de ce qu’il pouvait savoir sur l’affaire en question. Je suis allé le rencontrer. Je l’ai interrogé. Je n’ai pas fait de photos, mon magnétophone est resté dans sa sacoche. Je lui ai offert une cigarette. Nous avons fumé, assis sur un banc, contre le mur de sa maison.
Tout le jour durant, il circule dans l’ombre, sous les arbres du verger (le bruit de l’eau dans les rigoles, un serpent). Il regarde au soleil la montagne enneigée. Il voit par l'esprit la plaine qui se déroule, la route des marchands.
(1974)
Ce texte est le plus ancien de Nice Nord. Je calcule qu’il a 50 ans. Depuis 50 ans, je le réécris. Et ce matin encore, avant d’enregistrer cette version audio.
RépondreSupprimerChristian... je ne suis pas du genre groupie... mais p... que j'aime ton écriture... voilà c'est dit... délicat, subtil, fort et touchant... merci de les partager avec nous si régulièrement...
RépondreSupprimer