Quand on lit un roman, notre attention est requise par l’histoire, on veut en connaître la fin. Mais quand la lecture est finie, que du temps est passé, ce qu’il en reste dans le souvenir se réduit à des images.
On aime le roman, dans le souvenir au moins, pour ce qu’on y voit, et qui se voit comme dans l’encadrement d'une fenêtre;
dans le train de La Bête humaine, c’est la fenêtre qui laisse entrevoir, à l’intérieur d’un compartiment éclairé dans la nuit, une scène de crime;
dans tous les cas, des images floues, aux contours imprécis, auxquelles nous aurions du mal à ajouter un titre, à l’intérieur desquelles les personnages ne sont pas arrêtés mais se déplacent, glissent en silence, mus par quelque mécanisme dont les ressorts nous échappent.
Surprenant l’intérieur d’un appartement, un soir d’automne, comme nous passions sous ses fenêtres en rentrant du concert et qu’il commençait à pleuvoir.
Soir humide d’octobre, quand la saison des concerts a commencé et qu’on est un dimanche.
Soudain leurs deux silhouettes derrière les voilages blancs de la fenêtre.
J’aurais pu faire comme si je ne les voyais pas, je fus tenté de forcer le pas, de détourner simplement ma tête souveraine pour ne rien en savoir; mais non, je m’arrêtai sous l’arbre chétif dont le feuillage dégoulinant de pluie me mouillait le cou, et je ne puis plus douter.
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