Dans des quartiers reculés, aux maisons basses, des hommes sont assis aux tables des cafés. Un stylo à la main, ils relèvent des informations précieuses dans des journaux spécialisés. Ils connaissent les noms des chevaux et ceux des jockeys. Ils enregistrent leurs paris et ils les payent, puis ils sortent fumer des cigarettes sur le trottoir. Ils regardent le ciel. Le plus souvent le ciel est pâle, d’un bleu layette. Dans le vide de la rue, on entend le bruit d’une scie électrique ou d’un ponceuse. Une odeur de fer. Des carrés de jardins maraichers, des serres derrière la cour des ateliers. Puis ils reviennent se planter devant un poste de télévision fixé assez haut pour qu’ils doivent lever la tête. Debout, sans rien dire, ils assistent aux arrivées qui se disputent ailleurs, à grands coups de cravaches. Quand le résultat s’affiche, ils déchirent leurs tickets.
Je me souviens d'André Salgues qui interprète le rôle du garagiste dans Le Samouraï de Jean-Pierre Melville. Je me souviens de la rue, du garage, du rideau de fer qu'il abaisse derrière la voiture de Jef Costello aussitôt qu'elle s'y est engouffrée. Je me souviens de la lampe baladeuse qu'il tire avec lui, en silence, pour changer les plaques minéralogiques, tandis que l'autre se tient debout, le chapeau sur la tête et les mains enfoncées dans le poches de son Burberry. Je me souviens du revolver qu'il plaque dans sa main tendue. Une scène évoquée (démarquée) dans le Skyfall de Sam Mendes, qui intervient vers la fin, quand tout semble perdu. Je me souviens du martèlement du piano et de la voix d’Adele.
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