Je prenais le café il y a peu sur la place Garibaldi avec Laure Quignard et Patrick Allemand quand, au détour de la conversation, Patrick nous a dit que, selon lui, les animateurs de clubs sportifs étaient aujourd'hui les vrais hussards de la République. J’ai applaudi à cette idée, et elle m’est revenue à l’esprit, l’autre soir, en regardant à la télé la cérémonie d’ouverture des JO.
Je me suis dit que nous étions en train d’assister à un évènement historique d’une portée considérable, qui consistait dans la rencontre nuptiale et jubilatoire des sports et de la culture.
Je ne suis pas assez bon connaisseur de l’histoire des sports pour juger s’il s’agissait là d’une première. Si je me trompe, on me corrigera. Mais c’est ainsi que j’ai vécu ce moment.
Nos responsables politiques échouent, depuis des décennies, à réformer l'école. À lui donner plus de tranchant. À alléger le poids que la bureaucratie académique fait peser sur elle. À la faire davantage aimer des professeurs, aussi bien que des élèves et de leurs parents. On s’épuise à vouloir donner le bac à tout le monde, au point qu’il ne signifie plus rien. On renonce à faire aimer la langue et les mathématiques, et pendant ce temps, en marge de l'école, nos jeunes se réjouissent de pratiquer des sports toujours plus exigeants, dans l’exercice desquels ils apprennent tout à la fois à respecter des règles et à se dépasser, en même temps que les mêmes (ou d’autres) se livrent à des expériences artistiques toujours plus audacieuses et toujours plus échevelées. Et tout cela dans une dimension collective qui fait, de chaque réalisation, de chaque entraînement, de chaque répétition, de chaque performance, l’occasion d'une fête.
Il me paraît évident que la société française repose aujourd'hui sur trois piliers, qui sont 1) celui des institutions démocratiques, 2) celui de l’économie, et 3) celui des sports et de la culture conjugués.
Je veux croire que cette conjugaison des sports et de la culture sera de plus en plus étroite dans les années à venir. L’admission de la breakdance au rang des disciplines olympiques en est le signe.
Et le vieil instituteur que je suis s’en réjouit au plus haut point. Quel bonheur! Quel bon augure pour l’avenir!
- 02/08/2024 - Je découvre la tribune publiée hier, par Sandra Laugier, dans Le Monde, et je m'en réjouis!
Avec ces JO, on voit ce que le camp présidentiel et les socialistes sont et seraient capables de faire ensemble. Forza!
RépondreSupprimerTrès intéressant. Je n'ai pas pu lire l'article dans son entier mais le titre et les premières lignes me suscitent une réflexion: la cérémonie est une expression des élites (très diverses) et des institutions et non du peuple convoqué à s'exprimer selon les processus démocratiques. En quoi il est abusif de faire de la cérémonie un 3e tour. Ce qui n'empêche que, pour ce qu'on en voit, elle a suscité une très large adhésion qui matérialise en quelque sorte le barrage du "front républicain". Il y a là une apparente contradiction entre le vote et l'adhésion culturelle qui mérite réflexion. Là tout de suite il m'en vient deux: 1/ les mêmes (en grande partie) qui ont déposé un bulletin pour le RN ont adhéré à la cérémonie, on ne peut donc considérer que cette énorme portion de l'électorat comme raciste ou fasciste. Ce n'est pas l'exogène comme tel qui est rejeté mais celui-ci lorsqu'il est perçu comme une menace à l'égard de la communauté nationale ou plus simplement à l'égard de la société et de la sécurité (en témoigne d'ailleurs depuis des décennies, les sondages de popularité qui placent régulièrement au sommet des personnes "racisées": Noah, Omar Sy, etc. lorsqu'elles sont perçues comme membres de la communauté nationale). Et 2/ cela renforce l'idée que tu avais posée de la fécondité d'une alliance entre l'art et le sport. Il faudrait d'ailleurs élargir le propos de Sandra Laugier au-delà de la cérémonie à l'ensemble des jeux.
RépondreSupprimerMichel Roland-Guill