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Chine ancienne

Les jours étaient si clairs que je me laissais surprendre par la soudaineté des soirs, et par l’abondance des pluies qui pouvaient s’abattre alors devant mon balcon. Le bleu le plus tendre continuait d’apparaître entre les nuages gris et roses. Du nombre de livres que j’avais sortis de ma bibliothèque, que j’avais feuilletés et empilés ça et là, dans l’espace étroit comme celui d’une cabane, je gardais une impression de voyages. Mon balcon se transportait en Chine ancienne. Je me souvenais d’une autre montagne que j’avais habitée lorsque j’étais très jeune, et du torrent qui grondait au pied du rocher hirsute où je me tenais debout, en équilibre.

Il y a les longs moments où le Vieillard se tient debout, sur son rocher hirsute, les bras croisés, avec le torrent qui gronde en contrebas.
Le soir surtout, et la nuit aussi bien.
Il faudrait qu’il se penche pour voir l’eau qui court aux tréfonds de la montagne, dans l’obscurité mêlée de racines et de lianes, et dont la voix résonne, mais il ne le fait pas.
Il écoute.

La question des fantômes qui le visitent alors, qu’il attend.
Des fantômes de princesses, ou des monstres, qu’il accueille comme ils viennent.

Je ne sais pas le nom de l’arbre planté sur son rocher, qui penche et dont l’abri lui sert de gîte.
Je vois des feuilles plates et larges comme des mains.
Les singes et les oiseaux criards, le jour durant, partagent son gîte, sautillant et volant dans les branches, au-dessus de sa tête, mais la nuit venue, ils se taisent et se rendent invisibles par crainte des fantômes.
Alors, il reste seul.

Pour moi, en fait de torrent qui gronde au pied du rocher, c’est le passage des tramways, éclairés à l’intérieur, qui filent sous mon balcon.

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