Alors, que faire? La réponse me paraît claire. En face du discours du capitalisme, nous avons besoin d'un discours qui le contrebalance.
Le discours du capitalisme consiste à confondre le prix et la valeur. Nous avons donc besoin d'un discours qui ne les confonde pas. Qui les dissocie, au contraire, sans nécessairement les opposer. Et c'est en cela, me semble-t-il, que devrait consister le discours de la gauche.
Il existe de nombreuses professions qui reposent sur le principe selon lequel valeur et prix ne se confondent pas: ce sont celles des militaires, des policiers, des soignants, des pompiers, des gens de loi, des éducateurs, des artistes, et d'autres encore. Il serait naturel qu'à ce titre tous ceux-là soient de gauche. La gauche devrait être l'idéologie spontanée de toutes ces professions, comme la droite est bien celle, en effet, des commerçants, des entrepreneurs et des banquiers. Mais c'est loin d'être le cas.
Nous n’avons d'autre choix que le dialogue entre deux idéologies spontanées, qui correspondent à des positions sociales différentes. À des points de vue dont, par chance, l’expérience quotidienne nous montre qu’ils ne sont pas incompatibles. Mais pour qu'il existe et qu'il soit productif, ce dialogue doit être considéré comme indépassable dans les deux camps.
Je veux dire que chacun, dans son camp, doit admettre une fois pour toutes que l'autre camp existe et qu'il existera toujours. Qu'il ne s'agit pas de le vaincre mais de le contrebalancer. De négocier avec lui. Et d'une certaine façon, oui, de coopérer avec lui pour le bien du pays.
Je ne vois pas qu'aujourd'hui, en France, la droite ignore son autre, son ailleurs, ni qu'elle le méprise. Tandis qu'une partie de la gauche, celle qui parle le plus fort, oui.
Cela veut dire que la gauche jouera enfin son rôle quand elle renoncera à l'idée de révolution. Il semble que c'est ce qu'elle a réussi à faire dans beaucoup de pays. Pourquoi pas en France?
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