Accéder au contenu principal

Articles

Affichage des articles associés au libellé Amoureux

Le maître de piano

  Lorsque le crime de Dolorès Ortiz a été découvert, que tout le village en a parlé, l’idée m’a traversé l’esprit que Domenico Gripari pouvait être le coupable, mais je n’en ai rien dit. D’abord parce que je n’étais alors qu’un enfant. Ensuite parce qu’il ne pouvait échapper à l’attention de personne que la victime était une élève de Gripari, qu’elle séjournait au village depuis plus de six mois pour prendre des leçons de piano avec lui. Enfin parce que Domenico Gripari était mon ami. Altrosogno est un bourg perdu dans la montagne. Si, à cette époque, ce nom était cité quelquefois dans la presse, c’était dans presque tous les cas parce que Domenico Gripari s’y était retiré. Il avait fait une carrière de soliste. Une célébrité acquise très tôt lui avait donné l’occasion de se produire partout dans le monde, puis un jour il avait arrêté. Il avait déclaré qu’il était fatigué des voyages, des salles de concert trop grandes, de la discipline de fer à laquelle il devait s’astreindre pour...

La mercière de Clermont-Ferrand

Normandie, un matin de la fin d'été. Grand soleil et du vent. La maison est largement ouverte sur les prés et, plus loin, sur la mer. Les deux femmes se déplacent d’un étage à l’autre et d’une pièce à l’autre en ramassant du linge sale pour la lessive. AGATHE: Tu as trouvé un train? YOLANDE: Oui, celui de 4 heures, je serai à Rouen ce soir. Je dormirai chez maman, elle est prévenue, et demain je rentre à Paris avec Rosette. AGATHE: Pierre t’attendra? YOLANDE: Il n’a pas besoin de m’attendre. Je n’ai pas besoin de lui. Nous serons à Clermont mercredi, Rosette et moi, et j’aurai un peu plus de dix jours pour m’organiser avant l’ouverture du magasin. AGATHE: Tu es sûre de vouloir habiter là-bas? Tu n’y connais personne. YOLANDE: J’ai besoin de travailler. Et je ne veux pas le faire à Paris, où il y a Pierre, ni à Rouen, où il y a maman. AGATHE: Tu m’as dit que tu as parlé au téléphone avec la patronne de la mercerie? YOLANDE: Oui, deux fois, elle est très gentille. Elle se trouve trop...

Meurtre à Saorge

L’assassinat d’Adrienne Lombard a lieu à la fin du mois d’octobre. Le corps est découvert un matin par Madeleine Orengo qui s’occupe de son ménage et de sa cuisine. Celle-ci appelle aussitôt Julien Lombard, antiquaire à Monaco et le fils de la victime. Elle dit que la vieille dame est morte et que son visage est tuméfié. On l’a frappée. Julien Lombard lui demande de ne toucher à rien, de ressortir de la maison et d’attendre sur un banc, dans le jardin, l’arrivée de la police. Il avertit le commissariat de Sospel et aussitôt après il se met en route pour se rendre sur place. À son arrivée, on ne le laisse pas entrer. Il faut attendre que le corps soit enlevé et que l’équipe de la police scientifique ait effectué ses relevés. Le commissaire François Charpiot vient le chercher dans le jardin. Il lui demande d’enfiler des protections par-dessus ses chaussures, et de bien vouloir le suivre à l’intérieur. — Pardon de vous importuner. Je sais que le moment est mal choisi. Mais sans toucher à ...

Les fleurs sont livrées le matin

Chaque année, au 15 août, il pleut, et après cette pluie, pour le reste de l'été, la chaleur n'est plus aussi accablante. C’est du moins ce qu’on disait, et je ne prétendrai pas que cette affirmation se vérifiait toujours, mais ce fut le cas cette année-là. Mes parents possédaient une petite maison dans les collines , juste un cabanon en dur où j'ai passé la plus grande partie de mes vacances lorsque j'étais enfant, et où je revenais, de loin en loin, pas toujours seul, de préférence quand mes parents n'y étaient pas. J’y avais amené un ami. Je l’appellerai Édouard. Nous étions tous les deux étudiants en philosophie et nous avions à travailler un texte difficile de Husserl, auquel nous envisagions de consacrer un long mémoire, et il était prévu que nous en présenterions le projet à notre professeur dès la rentrée d’octobre. Nous avions emporté des livres. Nous emportions toujours quantité de livres difficiles à la maison des collines mais il était rare que nous les ...