Accéder au contenu principal

Articles

Affichage des articles associés au libellé L'heure de Jazzafip

Lived In Bars

Il est vrai que ces effets de transparences ou de superpositions me parlent, qu’elles marquent mes souvenirs les plus anciens qui restent pour moi les plus précieux. Je me souviens de m’être promené sur le boulevard Gambetta à la nuit tombée en reconstituant dans ma tête des strophes de La Chanson du mal-aimé , je devais avoir alors quinze ou seize ans. Je me souviens de m’être promené un jour de grand soleil près du carrefour Saint-Philippe où était mon lycée, en entendant dans ma tête la trompette de Miles Davis qui jouait Summertime . Je ne l’ai jamais si bien entendue. Si, il y a eu une autre fois, plus ancienne d’un an ou deux. C’était la nuit, j’habitais chez mes parents et ma chambre se trouvait au bout de l’appartement, tous deux étaient assis sur le canapé du salon, devant le poste de télévision, figés je les imagine à présent comme dans un double portrait de David Hockney, je suis passé dans le couloir et je me suis arrêté derrière eux, sur le seuil, le film qu’ils regardaien...

L'heure de Jazzafip

C’est un écrivain qui raconte cela, je ne sais plus lequel, je ne sais plus son nom, c'était à la radio, il disait qu’un soir il rend visite à sa mère qui est vieille et qui vit seule, et comme c’est l’heure du dîner, elle lui sert des harengs avec des pommes de terre, alors il mange ce qu’elle lui sert et il lui dit, tu n’as à manger que des harengs avec des pommes de terre, à quoi, un peu fâchée, elle répond, si tu m’avais prévenue de ta visite je t’aurais préparé autre chose mais tu ne l'as pas fait et lui alors, et je ne sais plus si c’est quelque chose qu’il dit à sa mère ou maintenant à la radio mais il proteste qu’il ne se plaignait pas pour lui mais qu’il s'inquiétait pour elle, comment pouvait-elle le comprendre autrement, comment pouvait-elle imaginer qu’il lui faisait le reproche d’avoir ainsi pour tout dîner en solitaire des harengs avec des pommes de terre bouillies et peut-être un bol de café au lait, comme s’il manquait de cœur, comme s’il n’eût pas été son f...