jeudi 10 octobre 2024

Où est le Mal?

La pièce où les garçons furent admis était un champ de ruines. Elle était si mal éclairée qu'Achille y était comme une ombre. Il fit asseoir ses visiteurs sur son lit tandis qu’il se tenait debout pour leur parler. D’abord, il fut question d’un jeu qui s’appelait Empty Spitfire. Il dit:
— C’est un jeu réputé le plus sombre et le plus difficile. L’univers est celui des dernières années de la guerre où les villes allemandes sont impitoyablement bombardées par l’aviation britannique. Les combats ont lieu dans le ciel. Ils opposent les Spitfire anglais aux Messerschmitt allemands. Le joueur se voit attribuer un Spitfire qu’il pilote à distance. Le but est d’échapper aux tirs des chasseurs allemands pour aller s’écraser sur l’immeuble de Berlin où se cache le Führer. De sacrifier sa vie en mettant ainsi fin à la guerre qui ravage le monde. Alors, le vainqueur obtiendra pour récompense de connaître le Secret, un secret ultime dont on devine qu’il est lié à la mort du Führer. Et donc, j’y ai joué. Je m’y suis livré comme je ne m’étais jamais livré à aucun de ces jeux diaboliques. En faisant s’écraser mon avion sur la cible désignée, j’ai remporté la partie. Et c’est alors que la Voix m’a parlé. Elle résonnait derrière l’écran de mon ordinateur. Elle m’a dit: “Tu as gagné le droit de le savoir! Les pires crimes qui sont commis aujourd’hui dans le monde, depuis la mort du Führer, le sont par la même créature qui n’est rien d’autre que la réincarnation du Führer, ou son fantôme. Celui-ci prend des apparences différentes dans tous les cas, mais au-delà des apparences, il ne s’agit jamais que d’une même entité: cette Puissance Personnelle du Mal (PPM) qu’on a jadis appelée Lucifer, ou le Prince des Ténèbres, et qui continue à présent de régner sur le monde.”

D’abord, ils ont regardé Achille, tandis que celui-ci ne les regardait pas. Il regardait au-dessus de leurs têtes, dans le noir, dans le vide. Puis, ils ont baissé les yeux et il a dit:
— J'étais sans voix. Je suis resté debout devant l’écran de mon ordinateur comme je le suis devant vous maintenant. Vous pouvez imaginer que cette révélation m’a plongé dans le plus grand effroi. À cause de l’horreur des crimes en question, ceux dont j’avais déjà eu connaissance, comme tout un chacun, au fil des ans, et ceux que je découvrais alors, dont les images s’affichaient sur l’écran de mon ordinateur et qui bombardaient mon esprit avec la plus grande violence et dans le plus grand désordre. Des images d’assassinats, de catastrophes prétendument naturelles, de strangulations, d'écartèlements, de ruptures de barrage, de raz-de-marée, de déraillements de train, de tours jumelles que percutent des avions en plein vol, de rapts, de viols, d’enfermements d’otages dans des tunnels, de tortures et de décapitations. Mais mon effroi tenait aussi à ce que je savais être seul à connaître le Secret. J’étais foudroyé par l'idée que la révélation qui m’était ainsi faite ne s’adressait qu’à moi. Je ne pouvais pas oublier que le jeu était régi par une règle donnée dès l’ouverture et répétée au démarrage de chaque session, selon laquelle le Secret ne serait livré qu’au vainqueur de la course, et à lui seul parmi les autres. Or, pour remporter la partie, j’avais investi dans la compétition toute mon habileté et toute ma force. J’avais bataillé sans relâche, nuit et jour, pour arriver le premier, et maintenant que j’avais atteint le but, que j’avais triomphé, j’étais écrasé par le poids de ce qu’aucun être humain n’aurait dû savoir, et de ce qu’aucun autre que moi ne saurait jamais.

Il s’est tu. Ils ont attendu. Ils craignaient que la moindre question, venant de leur part, ne tarisse le flot de ses aveux. Achille était décidé à tout dire, il suffisait qu’ils l’écoutent en silence, qu’ils lui laissent le temps. Il cherchait ses mots comme des oiseaux qui auraient voleté au-dessus de sa tête. Il suffisait qu’il en attrape un. Enfin il a dit:
— Comprenez-moi! La voix ne m’interdisait pas de partager le secret qui m'était livré avec d’autres personnes, mais comment aurais-je pu le faire? Qui m’aurait cru si j’avais parlé de cet auteur unique de tous les crimes les plus atroces et les plus divers, commis au même moment dans les lieux les plus éloignés de la planète? L’hypothèse de l’existence de cette entité fantomatique était tellement absurde, tellement contraire à l'expérience commune aussi bien qu’à tout ce que nous enseigne la science, qu’on m’aurait pris pour un fou. Et le pire n’était pas là encore.

Un nouveau silence. Un nouvel arrêt, puis il a dit:
— Mes tempes battaient et l’angoisse me serrait à la gorge quand j’en suis venu à douter d’avoir gagné par mes propres moyens. Fallait-il croire, en effet, que mon talent de joueur était tellement hors du commun que j’avais mérité grâce à lui cette révélation? Ou ne fallait-il pas imaginer plutôt que la victoire m’avait été accordée d’avance, parce que la révélation ne pouvait et ne devait s’adresser à nul autre que moi? Que, par un privilège dont je ne voulais pas imaginer la cause, celle-ci m’était destinée depuis toujours, je veux dire depuis ma naissance et peut-être même depuis la naissance du monde? Mais ce ne fut pas tout. Après cette dernière étape, il y en eut une autre encore, cette fois la dernière.

Georges et Olivier ont alors le sentiment de toucher au but. Ils n’osent pas bouger de crainte d’interrompre la transe. Ils savent qu’il suffit d’attendre. Achille s’est enfin assis, et il dit:
— Comme j’étais plongé dans la plus profonde angoisse, comme j’étais déjà séparé du reste des humains, la Voix s’est de nouveau adressée à moi, et elle m’a dit: “Écoute bien! Cet Ange du Mal, qui n’est pas un homme, mais plutôt un fantôme, habite pourtant dans le corps d’un humain. Et cet homme a un nom par lequel je le désigne. Je l’appelle Rodolphe. Mais à quoi peut-on reconnaître l’être néfaste qui l’habite dans le Rodolphe qui se rencontre sur la terre, que ses voisins côtoient, qui a ses habitudes dans des lieux bien réels? Par quel prodige ses semblables pourraient-ils le découvrir un jour, alors que lui-même n’a aucune idée des crimes commis par l’entité néfaste qui le hante? Car ces crimes, comprends-le, se commettent quand il dort, et Rodolphe, au réveil, ne s’en souvient pas. Voilà le fait. Rodolphe, durant le jour, est l'être le plus paisible. On ne peut l’accuser de rien. Lui-même ne peut s’accuser de rien. Mais quand il dort, alors un monstre émane de lui, s’échappe de lui pour aller commettre les crimes les plus épouvantables. Tel est son immense pouvoir en même temps que sa faiblesse. Il ne sait pas qui il est. Son enfer est d’autant plus profond que personne, jamais, ne pourra le confondre. Et pas toi davantage que les autres! Car, à quoi ressemble-t-il, veux-tu me dire? Où irez-vous le chercher? Et même ce nom de Rodolphe, par quoi je le désigne, est-il bien certain que, sur la terre, il n’en ait pas un autre?”

La fatigue maintenant s’entendait dans sa voix. Une vraie fatigue humaine, enfin marquée par quelque chose qui ressemblait à de la pitié, peut-être de la tendresse. La lumière, déjà insuffisante, semblait encore faiblir. Il fallait que son récit s’achève. Clara les attendait derrière la porte. Elle attendait le moment où elle pourrait appeler le docteur Rinaldini pour mettre fin au supplice. Et ce moment de délivrance semblait à présent à portée de main. Achille n’était plus même une ombre, il n’était plus qu’un souffle. Pour finir son récit. Il a dit:
— Et alors, bien sûr, je me suis imaginé que ce Rodolphe si terrible, que cet ange du Mal n'était autre que moi. Je me suis fait horreur. Et ainsi, je me suis trouvé prisonnier de mon secret en même temps que de ma chambre. J’ai cru que, si la voix me parlait, c'était pour me dire que Rodolphe, c'était moi. Et personne d’autre que moi, bien sûr, ne devait jamais l’apprendre, pas même ma mère, et encore moins le docteur Rinaldini. Voilà où j’en étais. Voilà dans quelle prison morale, ce matin encore, j’étais enfermé sans le moindre espoir de jamais en sortir. Voilà quel était mon tourment pareil à celui des damnés. Mais, ce midi, je ne sais pas pourquoi, j’ai pu manger un peu plus que je n’avais réussi à le faire depuis bien des jours. Et ensuite, je me suis allongé sur ce lit où vous êtes assis et, pour une fois, je me suis endormi. Et là, j’ai fait un rêve.

Achille se lève. D’un geste, il allume une petite lampe de bureau, et cette fois il regarde ses visiteurs. Il leur dit:
— Ce n’était plus la Voix qui me parlait, c’était une vision. J’ai vu Rodolphe, j’ai su que c’était lui, et qu’il n’était pas moi. Un homme grand et maigre comme je ne le suis pas, avec des épaules larges, un visage buriné, une barbe mal taillée, des yeux clairs et des cheveux noirs qui lui tombaient sur les épaules. Une manière de vagabond, le plus pauvre des hommes. Un parmi le petit nombre de ceux qui couchent dans les hangars qui sont derrière le centre commercial de Nice-Étoile, et qui attendent que des camions arrivent, souvent de fort loin à travers les frontières de l’Europe. Et alors, aussitôt que je l’ai vu, la paix du ciel est descendue sur moi. J’ai su que cet homme n’était pas un criminel. Que le Mal avait pu quelquefois traverser son esprit comme il avait pu traverser le mien, mais qu’il ne fallait pas croire à l’horrible légende que la Voix m’avait dite. Au milieu de la nuit, quand la ville dort, les énormes camions arrivent de pays lointains. Ils font des appels de phares et, parmi les hommes qui dorment au fond du hangar, il y en a au moins un qui ne dort pas. La nuque appuyée sur une couverture, une cigarette au bec, il écoute de la musique. Alors, il réveille les autres. Ensemble, ils se mettent debout, comme si un Ange les avait appelés. Ils lèvent la tête pour voir s’il pleut encore. Puis, ils se dirigent vers l’arrière des camions. Ils en ouvrent le hayon et, une à une, ils déchargent les lourdes caisses qu’ils transportent.  

mardi 8 octobre 2024

Pour qu'il accepte de dormir

Clara ne semble pas étonnée de la présence d’un second personnage qui se tient à côté de Georges, dans l’encadrement de la porte. Elle hoche la tête, elle dit: “Entrez!” et elle les précède dans un salon où ils se tiendront debout. Elle s’adresse à Georges, elle dit: “Merci d’être venu!” Elle dit aussi: “Je vous attendais. J’étais à la fenêtre. Je vous ai vus arriver tous les deux. Je vous ai reconnu.” Et elle sourit. D’un même mouvement de la tête, les deux garçons regardent la fenêtre comme si la silhouette de Clara pouvait s’y dessiner encore. Elle a un geste de la main pour toucher celle de Georges, mais elle la retire avant de l’avoir fait. Puis elle dit:
— Il faut que je vous explique. Il faut que vous compreniez avant d’aller le voir. Achille allait plus mal. Georges, vous le connaissez, vous savez comment il peut être. Mais là, son état a beaucoup empiré. Il ne pouvait plus être question qu’il se rende à son travail. Il ne se lavait plus, il ne dormait plus, il ne se nourrissait plus. Il est resté des jours et des nuits sans sortir de sa chambre, et dans sa chambre, je l’entendais gémir, pleurer, crier. C’était pour moi une torture. Plusieurs fois, j’ai appelé son psychiatre, le docteur Rinaldini, pour lui demander de l’admettre dans sa clinique. Mais Rinaldini me répondait qu’il ne pouvait pas seulement le recevoir sans son consentement, et Achille ne voulait pas en entendre parler. Il ne voulait pas le voir. Quand je le suppliais, il se bouchait les oreilles avec ses deux mains, il se repliait sur lui-même, comme si je lui avais donné un coup de poing dans le ventre, puis il me poussait vers la porte, il me chassait de sa chambre, et de nouveau je restais derrière la porte à écouter ses cris et ses paroles effrayantes.
— Vous dites qu’il parlait? Peut-être le faisait-il au téléphone?
— Je ne sais pas avec qui il parlait, je n’entendais que sa voix, et les paroles qu’il disait n’avait aucun sens. C’étaient des paroles de peur et de désespoir, comme s’il avait été aux prises avec un adversaire plus fort que lui, comme s’il lui fallait répondre à des menaces. C’était pour moi terrible à entendre. Je ne pouvais pas l’aider. Je ne sais pas combien de jours et de nuits cet enfer a duré. Moi non plus, je ne suis plus retournée à mon travail. Je n’osais pas sortir. Et puis, aujourd’hui, en fin d’après-midi, pour la première fois, il m’a appelée. Il m’a fait asseoir sur son lit et il m’a dit qu’il avait pris une décision. Qu’il voulait parler avec vous. Il était incapable de s’asseoir, il se tenait debout devant moi, les bras croisés, serrés sur sa poitrine, le regard absent. Il regardait ailleurs, toujours ce même regard ailleurs qui me tord le ventre, mais il paraissait plus calme. Soudain la tempête était passée. C'était comme si le combat avec l’adversaire qui le poursuivait depuis des jours était maintenant fini. Mais il était à bout de force. Il a tellement maigri, il a des yeux épouvantés. Je le reconnaissais à peine. Vous le reconnaîtrez à peine, mon pauvre enfant, sorti de ce combat. Et j’ai d’abord hésité, je ne voulais pas vous déranger. Mais j’ai appelé Rinaldini, une fois encore, et celui-ci m’a répondu que c’était peut-être notre dernière chance. Et il m’a donné son numéro de portable, il m’a dit que je pouvais l’appeler à n’importe quel moment, même la nuit. Il m’a dit qu’il enverrait chercher Achille aussitôt que celui-ci aurait donné son accord. Après, bien sûr, s’il refusait toujours, s’il se montrait violent à mon égard, ou s’il se mettait lui-même en danger, il pourrait être question d’une hospitalisation d’office, mais il ne voulait pas en arriver là, il voulait l’éviter à tout prix. Et moi aussi, je veux l’éviter. La clinique du docteur Rinaldini, ce n’est pas l’hôpital psychiatrique, vous comprenez, c’est un endroit agréable, avec un grand jardin et de grands arbres. Je l’ai visité. Je l’ai dit à Achille. Il y a des oiseaux dans le jardin et des écureuils qui grimpent aux arbres. Et je n’ai aucune idée de ce qu’il pourra vous dire, de ce que vous aurez à entendre. Mais maintenant, c’est vous. Il ne reste que vous pour prêter l’oreille à son récit et pour essayer peut-être de le convaincre. Pour faire en sorte qu’il accepte de se laisser emmener, et qu’il accepte de se reposer, le temps qu’il faudra. S’il vous plaît. Il en a tellement besoin. Plus tard, nous pourrons imaginer d’autres choses, mais d’abord, il faut qu’il accepte de dormir.

samedi 5 octobre 2024

Un geek et sa mère

Comme ils quittent la rue Ségurane pour aller à La Barque rouge, Georges reçoit sur son portable un message qui dit: “Achille ne va pas bien. Il demande à vous voir. Si vous pouviez venir tout de suite, ce serait bien. Clara.” Il le montre à Olivier.
— Qui est Clara? demande Olivier.
— C’est la mère d’Achille. Elle a écrit ce message sur le téléphone d’Achille.
— Et qui est Achille?
Georges explique qu’il a rencontré ce garçon deux ans auparavant, à l’occasion d’un tournoi de jeux vidéo qui se tenait à Épinal.
— C'était à une époque où je m'intéressais aux jeux vidéo. Nicolas venait d’ouvrir sa boutique. Comme nous étions amis, je l'aidais à aménager le lieu. Pour me payer, il m’a offert une PlayStation. Sur son conseil, je me suis inscrit pour la première fois à ce qu’on appelait encore une LAN party, et comme une liste des participants avait circulé, où il apparaissait que nous étions deux, Achille et moi, à venir de Nice, nous avons pris contact et nous sommes convenus de partager une chambre d'hôtel. Le soir, dans notre chambre, nous avons bavardé. Achille était un véritable expert: il connaissait toutes les machines, les noms de leurs inventeurs, des scénaristes, des designers, il pouvait égrener les particularités des différentes versions de chaque jeu, et surtout il avait une connaissance incroyable de leurs univers. Et aussitôt que nous nous sommes connus, il s’est mis dans l'idée de me faire partager sa passion. De mon côté, j'étais curieux de ce qu’il pouvait savoir. C'était comme s’il avait vécu et qu'il continuait de vivre des vies hors de la sienne. Comme s’il ne cessait de voyager dans d’autres mondes. Mais assez vite aussi, j’ai été pris de vertige, je me suis imaginé qu’il pourrait un jour ne plus revenir, et son enthousiasme m’a fait regarder les explorations auxquelles il se livrait avec plus de distance.
— Et ensuite, tu l’as revu?
— Deux ou trois fois, à la boutique de Nicolas, dans des cafés, après qu’il m’ait beaucoup écrit pour me signaler ses découvertes, pour me faire part de ses scores aux niveaux étourdissants où l’entrainaient ces jeux. Et chaque fois, il paraissait déçu que je n’aie pas suivi ses recommandations, mais chaque fois aussi il repartait dans ses récits, dans ses évocations, avec le même désir et la même certitude qu’il finirait par me convaincre. Jusqu'à la dernière fois, il y a peut-être six mois, où il m’a emmené chez lui.
— Et là, tu as pris peur.
— Lorsque j’ai vu sa chambre, j’ai compris qu’il était en détresse.
— Sa mère était là aussi?
— Oui, et d’abord elle a paru heureuse que son fils amène un camarade. J’ai compris qu’Achille ne sortait plus de sa chambre que pour acheter des confiseries et des médicaments, et cette chambre était dans un état de désordre et de saleté à vous soulever le cœur. Je n’y suis pas resté longtemps avant qu’Achille ne se remette à jouer sur son ordinateur, sans plus me voir. Clara m'attendait derrière la porte, et elle a profité du moment où nous étions seuls pour me dire combien elle était inquiète. Depuis des semaines, il lui interdisait de faire le ménage dans son antre, il ne se montrait pas pour les repas qu’elle devait lui apporter sur un plateau et qu’il touchait à peine, il passait ses nuits à jouer, il ne se lavait plus, il écrivait sur ses murs et il ne voyait personne.
— Elle t’a parlé longtemps?
— À te voir, on croirait un enfant de cœur, mais c’est vrai que tu as lu des romans…
— Et que j’ai vu des films.
— Disons qu’elle m’a retenu à dîner dans sa cuisine. Que je me suis attardé.
— Disons cela.
— Et cet Achille est étudiant?
— Non, il occupe un emploi subalterne au conseil général. Mais il y avait des semaines déjà qu’il n'était plus retourné à son bureau. Il voit de loin en loin un psychiatre qui l’enjoint à accepter une cure de sommeil, et comme Achille refuse, il signe pour lui des arrêts de maladie. 
  1. Un vendredi de Juin
  2. Nouages
  3. Chez la nurse
  4. Souvenirs de plage
  5. Rue Ségurane
  6. Un geek et sa mère
  7. Pour qu'il accepte de dormir
  8. Où est le Mal?