jeudi 11 juillet 2024

Transition

Je suis tenté d’ajouter beaucoup de choses à ce récit. De parler un peu de moi. De l'été étouffant où nous sommes, du bleu du ciel vers le soir, mais aussi de la fraîcheur que je garde dans le studio que j’habite, avec le store que je déroule sur mon balcon, et les tourterelles dans les feuilles des arbres qui bruissent devant, dont je ne sais pas les noms, maintenant que j’habite dans les quartiers nord de Nice et non plus à Contes où j'étais professeur. 


Là-bas aussi, à la même saison, je passais de longues soirées sur mon balcon, à observer les tours grises de la cimenterie et les terrains de sport où se retrouvaient les jeunes, Arsène et Elvire parmi les autres, à la tombée de la nuit et encore quand la nuit était venue. Je les voyais alors éclairés par de hauts lampadaires dont la clarté jaune leur faisait des visages étranges, mais de si loin pouvais-je les voir, ou fallait-il que je m’approche, suivant la route toute droite, bordée de platanes? C’était à l’heure où, dans la ville basse, leurs parents étaient assis devant leurs postes de télévision. Ils avaient laissé les fenêtres ouvertes à cause de la chaleur, ce qui faisait résonner dans les rues désertes les musiques des films, les voix des acteurs, les coups de révolver, les claquements de fouet sur le dos des chevaux tirant les diligences, qui fuyaient la horde des indiens à travers la prairie, et leurs flèches qui dessinaient des courbes dans le ciel.


Je suis maintenant assis à l’ombre, dans un fauteuil de toile, en deçà de la baie vitrée laissée ouverte sur mon balcon, avec le store déroulé qui me protège de la lumière tombée du ciel, mais de celle aussi qui se réfléchit sur la façade blanche de l’immeuble d’en face. Dans le livre que je relis (Molloy, 1951), il est dit que “Ce dont j’ai besoin c’est des histoires, j’ai mis longtemps à le savoir”. Il est question des autres dont on a parfois beaucoup de mal à se distinguer soi-même dans le souvenir. Qui étais-je alors? Lequel d’entre eux que je reconnais à peine, que je ne suis plus aujourd'hui?


En racontant l’histoire d’Arsène et Elvire, j’avais dans l’idée qu’elle me donnerait l’occasion de parler un peu de moi, il en était temps, me semblait-il, je l’ai si peu fait. Mais voilà qu’elle file et se termine sans me laisser beaucoup de place. En me laissant sur le côté. Sur le bord de la route où je marche vers eux. Mais il se peut aussi que je me trompe. Peut-être ne parle-t-elle en réalité que de moi. Comment savoir? Et s’adressant à qui? Et pour dire quoi?

Un soir, le téléphone a sonné. C’était Abel…

mardi 9 juillet 2024

Le glacier

Cette nuit-là, Arsène devait raconter aussi: “Il y a des images d’elle que je garde. Il y une image d’elle que je garde je ne sais pas pourquoi. C’était l’été où nous avions passé le bac. Il était convenu avec mes parents qu’à la rentrée j’irais à Paris, et à ce moment de l’été, je revenais d’un séjour que je faisais tous les ans en Suède, dans la famille de ma mère, et il n’était pas prévu que je reste longtemps, mais quand je suis arrivé j’ai retrouvé Elvire. Nous n’étions pas ensemble. Déjà quand nous étions très jeunes, nous n’étions pas ensemble. Nous nous retrouvions à l’improviste puis nous nous séparions le lendemain ou quelques jours plus tard. Elvire ne voulait pas qu’on dise qu’elle était ma petite amie, ni celle de personne, mais surtout pas de moi. Elle ne voulait faire aucun projet avec moi. Ce que nous faisions ensemble, quand nous étions ensemble, c’était toujours à l’improviste, et le lendemain il fallait que j’oublie. C’était comme si chaque fois c'était une erreur, un moment d’égarement qui resterait sans conséquence, qui ne se reproduirait pas, qu’il fallait oublier. Elle voulait savoir avec quelles autres filles j’étais sorti dans l’intervalle, je le lui disais, elle ne m’en faisait pas le reproche, mais d’elle je ne savais rien. Et cet été-là, je suis revenu de Suède pour quelques jours, et aussitôt nous avons recommencé avec le même emballement, la même force, comme si nous venions de nous rencontrer, comme si c’était la première fois. Et un soir, nos amis avaient décidé de faire un pique-nique à Nice, tous ensemble, sur la plage. Il faisait si chaud que, dans la journée, il était presque impossible de rester sur la plage, mais le soir c’était agréable, et Elvire a voulu que nous nous joignions à eux, et avant de partir de Contes, ce soir-là, comme elle grimpait sur ma moto, elle m’a dit qu’elle avait dans son sac la clé d’un studio qui était celui d’une amie partie en vacances, et qu’après le pique-nique, nous pourrions aller y dormir, au lieu de revenir à Contes, et j’en ai été surpris. Combien de fois auparavant était-il arrivé que nous passions toute une nuit ensemble? Deux fois, trois fois peut-être, à la villa, quand mes parents étaient absents. Et je n’ai pas cherché à en savoir davantage. Qui était cette amie?”

Il s’est arrêté, puis il a dit: “On ne sait pas le nombre de fois. Il aurait fallu écrire chacune de ces fois sur un carnet, bien sûr on ne l’a pas fait et dans la mémoire les choses se confondent. J’ai gardé le souvenir de cette nuit, de la plage, du glacier, elle vaut pour les autres.”

J’avais peur qu’il s’égare. J’ai dit: “Et donc, cette nuit-là?” Alors, il a repris. Il a dit: “Je me souviens du pique-nique. Nous étions assis sur les galets avec les autres, il y avait des pizzas dans leurs boîtes en carton et il y avait des bouteilles de bière. Deux ou trois d’entre nous se levaient tout à coup pour aller se jeter à l’eau, ils s’aidaient à se lever des galets en se donnant la main, ils basculaient dans le noir, on ne les voyait plus, puis au bout d’un moment ils revenaient s’asseoir, tout trempés, le corps gluant de sel. Ils demandaient une nouvelle part de pizza, une autre bouteille de bière, une autre musique. Parfois ils s’embrassaient. La nuit était épaisse comme de la poix. On ne voyait pas les vagues devant nous. Il n’y avait pas de lune ni d’étoiles au-dessus de la mer pour iriser les vagues, encore moins de feu d’artifice comme cela arrive souvent, les soirs d’été, sur la Promenade des Anglais. Il y avait de la musique, celle encore d’un poste à transistor posé sur les serviettes mouillées, avec les boîtes de pizzas et les bouteilles de bière. Je me souviens d’une chanson de Bob Dylan, très belle et douloureuse, c’était la Ballad Of The Thin Man. Je l’ai réentendue il n’y a pas très longtemps chantée par une femme. Le poste à transistor était insuffisant bien sûr à rendre cette musique, le son était affreux, mais certaines paroles entendues cette nuit-là, sur la plage, sont restées gravées dans ma tête. Because something is happening here but you don't know what it is / Do you, Mr. Jones? Puis à un moment, Elvire s’est approchée de moi et elle m’a dit “On y va?” et nous les avons quittés. Et c’est alors que les choses, en effet, prennent un tour étrange.”

Je l’ai laissé se taire, fouiller dans sa mémoire, puis il a dit: “Le studio était très loin, tout à fait dans le quartier nord de Nice, dans la rue Parmentier, et au lieu de prendre l’autobus, nous montons à pied. Des kilomètres à parcourir. Dans mon souvenir, je ne sais pas pourquoi, il n’y a pas d’autobus et l’avenue Jean Médecin est très mal éclairée. Déserte et très mal éclairée. Et je ne sais pas non plus pourquoi nous ne sommes pas à moto. Et plus nous montons, plus la nuit est épaisse. Nous sommes épuisés par la journée de chaleur, par la baignade et maintenant par la marche. Elvire porte une tunique de coton aux fines rayures, bleu ciel et blanc, délavée, et des sandales, et elle me tend la main pour que je la tire. Elle rit, elle semble heureuse, alors que je reste muet, incapable de prononcer une parole dans quelque langue que ce soit, de croire tout à fait ce que je vois. M’entraîne-elle dans le royaume des morts? Je l’y suivrais bien volontiers, je n’ai pas peur, j’hésite seulement à croire ce que je vois. Dans l’épaisseur de cette nuit, un lion, un griffon, un Sphinx pourrait soudain apparaître devant nous, nous barrer le chemin, exiger que nous répondions à une énigme pour nous laisser le passage, ou au contraire ce serait Virgile dans sa longue toge blanche pour nous servir de guide, et cela jusqu’à ce qu’enfin nous parvenions sur l’avenue Malaussena et que là, soudain, dans un îlot de lumière, apparaisse un glacier.”

Nouvelle interruption, plus longue cette fois. Quelle heure pouvait-il être? Des jogger venaient vers nous ou nous doublaient parfois, vêtus d’étoffes phosphorescentes, des écouteurs aux oreilles. Et comme Arsène semblait perdu dans ses pensées, ou comme peut-être il hésitait à me livrer un secret, j’ai dit: “Allons, au point où tu en es… Raconte-moi la suite!” À quoi il m’a répondu: “Je garde des images très précises. Il y avait cinq ou six tables sur le trottoir, l’intérieur était vivement éclairé, c’était comme une grotte, comme une crèche, et cette lumière s’étendait sur les tables disposées sur le trottoir. Depuis notre départ de la plage, nous n’avions pas rencontré dix passants et là soudain c’était un petit groupe de gens du quartier. Des personnes que la chaleur empêchait de dormir et qui resteraient sur ce bout de trottoir, à manger des glaces de différentes couleurs, et à boire des laits frappés de différentes couleurs, jusqu’à ce qu’on rentre les tables, qu’on éteigne les lumières, et que, dans la nuit épaisse comme de la réglisse, elles soient obligés de retourner chez elles. Parmi elles, des vieillards, un garçon de notre âge qui lisait sans lever la tête, avec un fin sourire, dans un livre de Philip K. Dick, une famille d’asiatiques, ainsi qu’un couple de jeunes parents avec un bébé. Et tandis que j’allais au comptoir commander les glaces, Elvire s’est assise à une table et aussitôt elle est entrée en conversation avec le jeune couple dont elle admirait le bébé. Et je l’observais. Elle semblait tellement heureuse. Elle n’avait aucun mal, quant à elle, à trouver les mots alors que, dans ma bouche, ma langue s’était changée en pierre. Et derrière ce comptoir, il y avait deux jeunes filles en uniforme qui servaient les glaces, vêtues comme des poupées, et il y avait un homme d’une quarantaine d’années, mince et musclé, en chemise blanche, qui semblait le patron. Et comme, bien plus tard, Elvire ne se montrait pas décidée à partir, et comme en fin de compte les jeunes filles derrière le comptoir fermaient les bacs de glace, ôtaient leurs uniformes, éteignaient les lumières, le patron est venu s’asseoir avec nous. Il a allumé une cigarette. Et alors j’ai compris qu’Elvire et lui se connaissaient très bien.” 


samedi 6 juillet 2024

Arsène raconte

“Mais non, ce n'étaient pas des étudiants”, devait me déclarer Arsène la dernière fois que je l’ai vu, ce jour où pour la première fois il m’a parlé comme sans doute il n’avait jamais parlé à personne auparavant, jamais du moins aussi longtemps, tandis que nous marchions au bord de la mer en direction de l’aéroport, que nous regardions les avions atterrir et s’envoler dans la nuit, et que moi-même je l'écoutais comme sans doute je n’avais jamais écouté personne, et sans doute savions-nous alors sans nous le dire qu’il n’embarquerait pas le lendemain à l’aéroport ainsi qu’il avait prévu de le faire en destination de je ne sais plus quel pays, comme il avait beaucoup compté de pouvoir le faire depuis que l’attentat avait été commis, c'était sa dernière chance, en sachant tous les deux qu’il serait arrêté avant, au tout dernier moment, comme cela se termine dans les vieux films d’aventures policières, et peut-être abattu s’il tentait d’échapper à cette arrestation.

“Oui, enfin, je veux dire qu’ils n’étaient plus étudiants déjà au moment où je les ai rencontrés”, devait-il ajouter tandis que j’avais le nez levé vers les ombres blanches des avions planant dans le ciel noir, comme des fantômes, des âmes errantes.

“Ils s'étaient connus, dit-il encore, à la faculté des Lettres, en section de philosophie où ils avaient été élèves du même professeur. C’était alors qu’ils s'étaient constitués en cellule d'action autonome dissidente des autres groupes gauchistes, mais ensuite, au bout de la première ou de la deuxième année, ils avaient décidé de passer à l’action clandestine, et c'était alors qu’ils avaient arrêté leurs études, qu’ils avaient rompu avec l’université, qu’ils avaient rompu tout lien avec leurs familles, avec leurs anciens camarades, seul le professeur Célestin Vuibert savait où les trouver dans ce quartier Vernier où désormais ils habitaient ensemble, où je devais habiter avec eux, où d’une certaine façon ils m’avaient recueilli alors que je n’étais qu’un clochard, et je me souviens de certains soirs où le professeur a dîné avec nous, d’un couscous et de thé à la menthe, derrière le rideau de fer à demi baissé du restaurant de chez Kader.
— Combien étaient-ils?
— Ils me disaient qu’ils étaient neuf, mais il y en a deux que je n’ai jamais vus, qui n’étaient pas avec nous, peut-être pas à Nice, peut-être pas en France, et dont les noms n’ont jamais été prononcés devant moi.
— Ils étaient donc sept. Cinq garçons et deux filles, d’après ce que disent les journaux. Et avec toi, ça faisait huit.
— Oui, mais moi je ne comptais pas. Ils m’avaient recueilli. Je crois qu’ils me faisaient confiance, ils parlaient librement devant moi, mais ils ne m’expliquaient rien. Ils citaient des noms, des lieux, des dates, mais ils savaient que je ne les raccordais pas, que je ne m’en souvenais pas, que j’étais trop vieux, trop malade, et que le plus souvent j’étais ivre.
— Celui que les journaux appellent Arthur était leur chef?
— Oui, ce n’est pas son vrai nom mais c’était bien lui qui commandait. Il avait un lieutenant qui lui servait aussi de garde du corps, celui que les journaux appellent Matteo et qui est mort avec lui.
— Et comment étais-tu entré en contact avec eux?
— Un jour, par hasard, je suis entré au KWa où tu m’as vu. C’était au début d’un après-midi d’hiver, il faisait froid, avant il avait plu, maintenant le soleil était revenu mais j’étais trempé, et j’ai commandé un rhum et d’abord Selim n’a pas voulu me servir, il m’a dit qu’ici on ne servait pas d’alcool, mais Arthur s’est levé et il a demandé à Selim de me servir de la bouteille cachée sur une étagère, qui était pour eux, puis il m’a fait asseoir à leur table. Je grelottais. J’essayais de les écouter, de garder les yeux ouverts mais je m’endormais sur ma chaise. Nous sommes restés jusqu’au soir, puis ils m’ont emmené pour dîner pas loin de là, au restaurant de chez Kader, où il n’y avait pas d'autres clients, où ils étaient attendus, puis ils m’ont emmené pour dormir dans la soupente qu’ils habitaient ensemble, au-dessus des hangars désaffectés, dans la rue Pierre Pietri.
— Et en vivant avec eux, tu as compris en quoi consistait leur action clandestine?
— Ils disaient qu’ils s’appropriaient des logements inoccupés pour y accueillir des migrants. Cela, c’était facile à comprendre, ils ne s’en cachaient pas. Quelque temps après mon arrivée, ils m’ont emmené dans un appartement où ils m’ont dit que j’aurais à repeindre les murs et où je suis resté assez longtemps parce que mon travail n’avançait pas. L’appartement était vide. Ils y avaient apporté de gros seaux de peinture, des rouleaux, des pinceaux, une échelle et un poste de radio à transistor sur lequel j’écoutais de la musique. Et par terre, il y avait un matelas où je pouvais dormir.
— Tu dis que ton travail n’avançait pas, mais ils te traitaient bien?
— Oh, oui, très bien. Je n’étais pas prisonnier. Ils étaient très gentils avec moi. Chaque midi, l’une des filles m’apportait mon repas, et quand c’était Maria Luisa, il arrivait qu’elle le partage avec moi puis qu’elle reste un long moment en ma compagnie. Nous écoutions de la musique, nous fumions des cigarettes, nous buvions un peu de vin, nous laissions les fenêtres ouvertes à cause de l’odeur de peinture, parfois il faisait grand soleil et nous avions très chaud, d’autres fois il pleuvait dans la cour et c’était comme si nous étions en vacances au bord de l’Atlantique, ou au bord de la Manche, et que nous faisions la sieste. Elle me parlait d’Arthur.
— Elle était la maîtresse d’Arthur?
— Les deux filles étaient les maîtresses d’Arthur. Mais Frida s’en fichait un peu, elle couchait aussi bien avec les autres garçons, tandis que Maria Luisa était très amoureuse. Elle voulait savoir ce que je pensais de lui. Elle se demandait si un jour ils pourraient avoir une autre vie, sans plus s’occuper de l’avenir du monde. Elle me parlait de l’Irlande. Elle imaginait d’aller vivre avec lui dans ce pays qu’elle connaissait un peu, et d’y avoir des enfants. Elle me demandait si je connaissais ce pays. Elle me disait qu’ils pourraient y vivre à la campagne, tous les deux, avec leurs enfants, dans une petite maison en pierre avec un jardin où des légumes pousseraient dans la terre très noire, deux chevaux et une rivière qui passerait devant. C’était tout ce qu’elle voulait de la vie, la pauvre petite, Arthur et des enfants, et surtout elle me demandait de ne pas le répéter à Arthur qui se fâcherait contre elle s’il entendait qu’elle avait dit cela, et qui préférerait désormais coucher avec Frida, et à force, parce qu’il faisait trop chaud, ou parce qu’il pleuvait doucement dans la cour, derrière les fenêtres ouvertes, et aussi parce que nous écoutions de la musique, nous finissions par nous endormir, l’un par terre et l’autre sur le matelas, ou tous les deux parfois sur le matelas, sa tête posée sur mon épaule.”

Il s’est tu, puis il a dit encore: “Un jour, nous écoutions de la musique, je ne saurais pas dire quelle musique c'était, peut-être un piano seul, peut-être un orchestre tout entier, je ne m’en souviens plus, en même temps qu’il y avait des manutentionnaires qui parlaient dans la cour, trois étages plus bas, toute la journée et même tard dans la nuit ils déchargeaient des caisses apportées par camions, de la vaisselle je crois, et nous entendions leurs voix sourdes, parfois un rire, alors nous nous sommes endormis en laissant la radio allumée et les fenêtres ouvertes, et quand nous nous sommes réveillés il faisait déjà nuit.” Et tandis qu’il parlait je me suis dit, je ne sais pas pourquoi, que la musique qu’ils avaient entendue et sur laquelle ils s’étaient endormis, ce pouvait être la Pavane pour une infante défunte de Maurice Ravel dans sa version pour piano seul. Enfin, ce pourrait être celle que j’ajouterais en off à mon film.