À partir de ce jour, je suis retourné chez lui chaque après-midi. J’arrivais après l’heure de sa sieste et je restais jusqu'à celle du soir où l’infirmière lui faisait sa seconde visite. J'échangeais quelques mots avec elle, les plus indispensables, puis je m'en allais. Maintenant, il ne me recevait plus dans son salon mais sur le balcon de sa chambre. Nous avions essuyé, au début de l’automne, des orages et des pluies d’une violence à laquelle nous n'étions pas habitués. Les rues, les parkings, les caves avaient été inondées. Des voitures emportées. Pendant des semaines, nous avions vécu dans une obscurité de forêt tropicale qui confondait les jours avec les rêves de nos nuits, et puis soudain le soleil était revenu et jamais, à l’inverse, le ciel n’avait paru si bleu, jamais l’air n’avait été si limpide. Je me souviens de ces après-midi passés sur son balcon. Bien sûr, assis seul en face de lui, l’idée du drame qui avait marqué mon destin avant même que je naisse ne p...
Christian Jacomino