C'était quand nous roulions, tous les quatre, l'été, sur les routes de montagne. Il arrivait que nous rencontrions de ces hameaux du bord des routes dont les pauvres façades épousent la courbe. Abandonnés, où souvent il ne reste qu’une boulangerie et peut-être un café. Écrasés de soleil. Et quelquefois il arrivait aussi qu’on voie, à peine plus loin, garée dans l’herbe d’un talus, une voiture de luxe, rutilante. Alors, je disais au trois autres du Fab Four: — Vous avez vu? Jef Costello est venu se cacher ici! Et comme ils en avaient l’habitude, ils savaient que je voulais parler, bien sûr, du Samouraï. Après un coup incroyablement audacieux, qu’il était seul à pouvoir réaliser, en plein cœur de Paris, Jef a à ses trousses les condés en même temps que toute une bande de malfrats commandés par un roi de la pègre. Alors, pour se faire oublier, pour soigner aussi une blessure, le temps qu’il faudra, il est venu se réfugier dans les montagnes du sud de la France. Une adresse que lui...
D’abord, ses marches dans la campagne, que d’autres appelleraient des promenades ou des randonnées, il les appelle des voyages. Dès la première phrase, il dit: “Voyager à pied m’a toujours ravi” . Ensuite, ses excursions (comme on peut dire aussi) sont toujours un peu hasardeuses. Il ne suit pas un itinéraire prévu sur la carte, il va où les sentiers le poussent, à l’instinct, dans une région qui lui est pour autant familière, pas très loin de chez lui, quelque part en Provence, mais où il lui reste néanmoins des lieux à découvrir. Chaque fois qu’il part marcher ainsi, il s’attend à découvrir un endroit nouveau où il pourra se reposer, se restaurer et peut-être, pourquoi pas, passer une nuit ou deux. On comprend d'entrée de jeu qu’il s’agit de promenades solitaires. Et l’autre point essentiel est contenu dans le projet de découvrir, au bout du voyage pédestre, un endroit qu’il ne connaît pas et où il pourra rester. La solitude et l’idée de hasard complètent le désir de s’installer,...