Dans la salle d’attente d’un psychanalyste, il faut toujours qu’il y ait une fenêtre qui ouvre sur une cour, et que, dans cette cour, il y ait de beaux arbres que l’analysant, debout devant la fenêtre, cherche à identifier. Maintenant, avec Google Lens, c’est facile: il suffit de photographier les arbres en question puis de soumettre leurs photos à l’examen du robot: celui-ci ne manquera pas de les reconnaître et de vous donner leurs noms, tandis que, jusque là, des siècles pouvaient s’écouler sans que les mêmes arbres innommés cessent de hanter vos rêves. > Version linéaire
Philippe Jaccottet: “À travers l'heureux brouillard des amandiers, il n'est plus tout à fait sûr que ce soit la lumière que je vois s’épanouir, mais un vieux visage angoissé qu'il m'arrive de surprendre sous le mien, dans le miroir, avec étonnement” ( À travers un verger , 1975.) Dans une notice qu’il ajoute à son édition des Œuvres de Philippe Jaccottet, José-Flore Tappy oppose d'une façon qui me paraît très juste Francis Ponge à Philippe Jaccottet. Il indique: “... alors que Ponge, par sa pratique, vise les choses pour les atteindre — il veut voir les choses et ne voir qu'elles —, Jaccottet, quant à lui, vise les choses pour les traverser, pour voir à travers elles l'invisible que peut-être elles recèlent. Comme il l'écrira lui-même en rendant hommage à son aîné: ‘Ponge ne s'encombre pas d'invisible’, ‘ayant assez à faire du visible’ au point même qu'il se serait plutôt dressé, ‘parfois avec colère contre l'invisible’.” Ce que je v...