Après la chute de Bachar el-Assad, les médias parlent de l’espoir qui anime des millions de Syriens, exilés partout dans le monde, de pouvoir enfin regagner leur pays. En apprenant cela, mon père aurait dit: Anch’io! Je ne me souviens pas, en effet, qu’à propos des Français d’Algérie, on ait jamais parlé de migrants, d’exilés, de réfugiés politiques. Ils n’ont jamais eu droit à ces mots par lesquels on aurait signifié, à défaut d’une franche solidarité, un peu de sympathie.
L'être parlant est soumis à l’ordre de la langue . Il l’est depuis son plus jeune âge et jusqu'à son dernier souffle. Et il l’est quel que soit son milieu social, son niveau de culture et son désir éventuel de “faire péter les règles”. À l’intérieur de cet ordre, il trouve sa liberté mais il n’est pas libre de s’en affranchir. Pour autant, s’il y est soumis depuis toujours, ce n’est pas depuis toujours qu’il en a conscience. Le petit enfant parle comme il respire, ce qui signifie que la langue qu’il parle et qu’il entend est pour lui un élément naturel, au même titre que l’air. Et il parle aussi comme il bouge ses bras et ses jambes, ce qui signifie qu’il a le sentiment que cette langue lui appartient aussi bien que son corps. Et il reste dans cette douce illusion jusqu'au moment de sa rencontre avec l'écrit. L'école a pour mission de ménager cette rencontre et de la nourrir. Les personnes qui nous gouvernent, et qui souvent sont fort instruites, peuvent décider que...
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