Lorsque Eugène arrive à Torquedo, c’est pour voir certains tableaux. Il sait lesquels, il sait où ils sont exposés, il connaît les heures d’ouvertures des musées et les lieux voisins où ils se trouvent dans le cœur de la ville. Mais, dès le premier soir, à l’hôtel, l’angoisse le prend au dépourvu. Soudain, c’est comme s’il se trouvait prisonnier d’une cage de verre qui se balançait dans le vide. Il dira: “Je craignais de sauter par la fenêtre, d’un instant à l’autre, sans avoir pour autant la moindre intention de le faire. J’avais peur.” Il passe ainsi une nuit de tourments, une nuit de tempête où il s’accroche au bastingage, mais où le bois du bastingage lui glisse entre les mains. Il se réfugie au fond de son lit. Il dort un peu. Au matin, l’angoisse ne l’a pas quitté. Elle est comme un rat tapis au fond de sa chambre, qui le guette de ses petits yeux pointus, prêt à lui dévorer le foie. Il doit lutter pour survivre. Le duel aveugle dure ainsi trois jours et trois nuits, puis Eugène ...
Christian Jacomino